Équipe de développeur.euses en auto-sélection: qui a peur de l’inconfort?

En quelques mots.
L'équipe de développeurs de ShareGate arrive au bureau avec un peu plus de fébrilité qu'à l'habitude. Aujourd'hui, ils et elles vont participer à une activité d'auto-sélection des équipes qui va déterminer avec quels coéquipiers et sur quel projet ils vont travailler pendant les mois à venir
Même si ce n’est pas leur première activité d’auto-sélection, les enjeux sont grands parce que cette fois, on détermine qui travaillera avec de nouvelles technologies, sur le produit qui deviendra ShareGate Apricot. Et on sait déjà qu’il y a plus de développeurs qui veulent y travailler que de places disponibles. L’ambiance de la journée s’annonce bizarre, et c’est tant mieux. Voici comment notre marque ShareGate remet la sélection des équipes entre les mains des développeurs.
«Plusieurs d’entre eux nous parlaient de leur besoin de changement. C’est ça qui nous a donné envie de lancer une activité d’auto-sélection»
Autres compagnies, autres mœurs
Dans plusieurs boites de tech, les gestionnaires forment les équipes de développeurs unilatéralement et verticalement. Ils se basent sur des critères comme l’expérience, les aptitudes, et leur perception de ce qui fonctionnera le mieux pour livrer les fonctionnalités prévues. Souvent, les équipes changent peu et le travail de développeur devient alors un peu routinier. C’était le cas dans l’équipe ShareGate jusqu’en 2017, quand les coach et gestionnaires d’équipe ont eu une révélation: il faut repérer une nouvelle méthode qui reflète davantage la confiance de GSoft envers ses employés, et donner aux développeurs le pouvoir de choisir leurs équipes.
Les développeurs ont besoin de changements
Le travail des développeurs, extrêmement prenant au quotidien, nécessite une concentration et une discipline de fer. «Plusieurs d’entre eux nous parlaient de leur besoin de changement. C’est ça qui nous a donné envie de lancer une activité d’auto-sélection» explique Philippe Lavoie, gestionnaire d’équipe.
Ce n’est pas parce que le chemin était facile: essai et erreur, malaise, résultats incertains et frustrations l’attendaient au détour. Et ce n’est pas non plus parce que les enjeux étaient minces: en plus de consolider l’application ShareGate Desktop (qui aide à migrer vers Office 365), les développeurs avaient pour défi de passer au modèle SaaS avec Apricot (qui aide à gouverner les groupes Office 365 et Teams) et Overcast (qui aide à comprendre et réduire les coûts dans Azure). Un drôle de moment pour expérimenter!
C’est quoi, l’auto-sélection?
L’auto-sélection est un processus guidé qui permet aux gens de s’organiser en petites équipes interfonctionnelles. Il a été conçu comme un moyen rapide et efficace de former des équipes stables, basé sur l’hypothèse que les gens sont plus engagés et plus productifs s’ils peuvent choisir sur quoi ils travaillent et avec qui ils le font, et documenté par les coach agile Sandy Mamoli et David Mole. Le concept consiste à mettre le moins de restrictions possibles pour créer les équipes. Typiquement, une activité d’auto-sélection de ShareGate se déroule ainsi:
- Quelques jours avant l’activité, les développeurs reçoivent une description des projets à réaliser, des équipes à créer et des gestionnaires de produit qui y sont associés.
- Avant l’arrivée des développeurs, les équipes à créer sont affichées sur un mur.
- À leur arrivée, on rappelle le fonctionnement et les projets aux développeurs, et on leur donne une copie de leur photo.
- Dans une première ronde d’environ 10 minutes, les développeurs collent leur photo sous le projet qui les intéresse et discutent pour évaluer leur équipe potentielle.
- On observe ensuite une pause pour permettre à chacun de revoir sa décision.
- Il y a autant de rondes que nécessaire pour que chaque équipe soit équilibrée.
Emmenez-en, des discussions inconfortables
«Certains projets sont plus populaires que d’autres, et évidemment ça crée un malaise», confie Philippe. Développeur pour ShareGate depuis 5 ans, Jean-François Deschênes confirme que l’inconfort est souvent palpable, pendant l’activité. «On le vit très fortement quand un des projets est moins attirant et que tout le monde se lance dans les autres, explique-t-il. Par exemple, quand on a lancé ShareGate Apricot, tout le monde voulait développer avec la nouvelle tech. Ça donne des discussions vraiment awkward, et on dirait que certains se sacrifient pour aller dans les projets moins attirants.»
Philippe est conscient de cette perception: «Après avoir répété le processus pour différents projets, certains sont venus exprimer être toujours celui ou celle à se sacrifier pour les autres. On est sensibles à cette situation, et on les accompagne pour qu’ils fassent les meilleurs choix possibles.» À terme, ils sont maîtres de leur décision.
Un je-ne-sais-quoi qu’on appelle «équipe»
Ce processus d’auto-sélection des équipes a été répété à quatre reprises entre 2017 et 2019 au sein de ShareGate. «On constate un certain changement dans l’atmosphère», raconte Philippe. Les développeurs ont vraiment eu l’opportunité de choisir les gens avec qui ils travaillent au quotidien, et les projets qu’ils développent, ce qui est plus engageant que de suivre une directive.
«Je trouve personnellement que c’est plus important de travailler avec du monde que j’aime bien et avec qui je travaille bien que de choisir le meilleur projet», confirme le développeur Jean-François Deschênes, qui a vécu plusieurs de ces activités. «Ça me permet donc de former une équipe vraiment forte avec laquelle je sais qu’on peut réaliser n’importe quoi, avoir du fun et être performant.»
«Quand tu choisis ton équipe, tu regardes aussi les opportunités d’apprendre», ajoute le développeur Benoit Doyon, qui cherche pour ShareGate Overcast de nouvelles solutions qui l’amènent à pousser son expertise encore plus loin.
«Les craintes qu’on avait au départ se sont avérées injustifiées», ajoute Philippe. Par exemple, aucun conflit n’a eu lieu, et personne n’a été mis à l’écart. La clé de la réussite de ce processus réside beaucoup dans l’accompagnement des développeurs. Lorsqu’ils ne savaient pas dans quelle équipe aller, ils étaient invités à se poser ces questions:
- Qu’est-ce qui est le mieux pour ShareGate?
- Qu’est-ce que je veux apprendre?
- Où est-ce que je vais apprendre le plus?
- Où est-ce que je vais coacher le plus?
Aujourd’hui, des équipes plus permanentes ont été constituées par produit pour des raisons d’expertises, mais le processus perdure à plus petite échelle. Ça permet de laisser la chance à chacun de remettre en question son implication et sa pertinence dans les projets de façon régulière. Philippe préfère ne pas quantifier l’apport de cette méthode à la productivité. «Un climat de confiance généralisé s’est installé, et cette confiance est l’expression même d’une des valeurs fondamentales de l’entreprise. C’est ce qui compte avant tout, avant même la productivité et le profit» conclut Philippe.